Accueil Séjour à la Maternité C'est arrivé un 31 août...

Signez mon Livre d'Or

Contactez la Webmastrice
| |

Dernière mise à jour le
03/06/2003
(Cliquez sur les petites photos pour les agrandir)
Voilà comment s'est déroulé mon atterrissage d'après Môman :
"On est vendredi soir, c'est notre anniversaire de rencontre (5 ans), moi j'ai
envie de sortir mais Will préfère jouer à la console. Tant pis !
Vers 19h30, je remarque que j'ai des contractions assez rapprochées mais pas
douloureuses (j'ai jamais eu de contractions douloureuses...). Je chronomètre :
toutes les 5 minutes ! Je me demande si c'est des "bonnes" contractions vu que
je n'ai pas mal du tout... J'attends 20h00 pour me décider enfin à appeler la
mat' et leur demander si je dois venir ou pas. Ils me conseillent de patienter
encore un peu pour venir et de voir si les contractions continuent...
Arrivée à 21h30 à la mat', verdict col ouvert à 2,5 et très effacé. C'est pour
ce soir ! On patiente en salle de travail que le col se modifie...
C'est long,
heureusement qu'il y a de la musique dans la salle. Will s'amuse avec un
tabouret à air comprimé, il me fait bien rire : il monte et descend sous l'oeil
suspect des sages-femmes qui passent dans le couloir. Je suis sous monitoring et
je contemple les courbes de mes contractions non douloureuses...
Le tracé du coeur d'Isaac fait des bonds, ils suspectent une infection alors ils
me mettent sous perf' de pénicilline...
Vers 23h00, col ouvert à 3, on me demande si j'ai mal, je dis "oui" pour être
sûre d'avoir la péridurale à temps... Avec un peu de chance, ça fera avancer le
travail ? L'anesthésiste vient 30 minutes plus tard me faire la piqûre, j'ai un
peu bougé mais ça n'a pas foiré ! A partir de ce moment, le temps a passé très
vite. Je sens mes jambes s'engourdir, j'ai froid au bout des pieds, je me sens
bien... et le coeur d'Isaac se calme. En
fait, il était juste tout excité par le grand moment. Les sages-femmes n'en
revenaient pas de le voir remuer comme ça dans mon ventre !
Maintenant, je gagne un centimètre de dilatation par heure, c'est long alors on
me met une perf' d'hormones qui sont sensées accélérer le travail (je me
rappelle plus le nom). OK, j'ai plus de contractions qu'avant et parfois, j'ai
même un peu mal... Merci la péri : je me remets une dose et hop ! Tout va mieux
! Avec Will, on s'amuse à parier sur l'intensité de la prochaine contraction, et
on crie dès qu'on bat un record. Bin oui, on s'occupe comme on peut !
La péri commence à m'assommer, et l'attente aussi, je fais des sommes entre deux
prises de tension par l'appareil qui me broie le bras toutes les 10 minutes..
Il est à peu près 9h00 du matin, déjà presque douze heures qu'on est là et je
suis enfin à dilatation complète. Je n'ai toujours pas mal et je me mets une
dose de péri toutes les heures "en prévention"... La sage-femme dit qu'on attend
une heure qu'Isaac descende dans le bassin. Elle me perce la poche des eaux et
se rend compte que le liquide est un peu teinté donc faut pas trop traîner.
A 11h00, on en est toujours au même point donc elle va chercher le chirurgien.
On me rase, on me pince avec un instrument pour voir si je suis insensibilisée,
on me coupe... J'ai des draps bleus sur les jambes et les pieds dans les
étriers. J'ai peur.
Là, le chirurgien sort ses engins de torture : les forceps "de Tarnier" comme
ils les appellent. Je sens qu'on fouille dans mon intérieur, qu'on m'écarte les
os du bassin avec ces bouts de ferraille... J'ai mal, je me mets plusieurs doses
de péri.
Puis vient le moment de pousser. Je prends une grande inspiration et je bloque
tout en poussant... au diable les cours de prépa à l'accouchement ! Je fais
comme je le sens, je veux qu'il sorte ce bébé ! La sage-femme me dit que je
pousse comme une chef, merci pour le compliment. J'ai mal, quelqu'un appuie à ma
place sur "l'appareil à doses de péri", je ne vois rien, j'ai les yeux fermés.
Je recommence cette scène plusieurs fois, c'est interminable comme attente ! Will
m'encourage à chaque poussée, il me "coache", je suis fatiguée et je me demande
si Isaac va sortir un jour.
J'y mets tout mon coeur car je ne veux pas de césarienne et je me motive en
pensant à ma maman. Je souffre mais c'est pas grave, il faut qu'il sorte
maintenant.
A 11h57, je pousse deux fois de suite de toutes mes forces sur une contraction
et je sens enfin Isaac sortir à midi pile. Will a peur car Isaac ne pleure pas tout
de suite mais tout rentre dans l'ordre. On me le dépose sur la poitrine, je
pleure comme une madeleine et je le serre contre moi. J'ai mal partout, je ne
sens plus mes bras mais je suis heureuse... Isaac est là et il est en pleine
santé : il mesure 51,5 cm et pèse 4kg150."

Je suis comme un cosmonaute dans une capsule spatiale
En apesanteur je flotte rien ne peut me faire de mal
Je suis relié en permanence au vaisseau intersidéral
Qui assure la maintenance grâce au cordon ombilical
J'arrive à la fin du voyage, déjà neuf mois que j'attends
Je suis parti sans bagage, je serai nu en arrivant
Et je viens du fond des âges, je viens du bout de la nuit
Au début, j'étais au large, maintenant c'est trop petit
"Tu vas débarquer sur la Terre, ont dit les sages à mon départ,
Fais attention à la lumière, toi qui voyagera dans le noir
Tu vas dans le monde des hommes, ils vont bien prendre soin de toi
Elle va t'aimer tu verras comme, elle te serrera dans ses bras"
J'en sais plus long qu'on ne pense sur ce qui se passe dehors
Si j'ai grandi dans le silence, depuis que j'approche du port
J'entends souvent quelqu'un qui chante, j'entends des rires, j'entends des
pleurs
Et sa voix qui me dit "patience encore un peu, c'est presque l'heure"
Et puis elle pose sur ma tête sa main, pour que je n'aie pas peur
C'est plutôt elle qui s'inquiète, je le sens au bruit de son coeur
Je sens le vaisseau qui tremble, nous sommes en phase finale
Nous allons manoeuvrer ensemble, pour le moment, tout est normal
Le compte à rebours commence, le processus est engagé
Bientôt ce s'ra la délivrance, plus moyen de reculer
Il faut stopper les machines, ouvrir le sas de sortie
Dépressuriser la cabine et plonger dans la vie
Aie, aie, aie, cette lumière, gardons bien les yeux fermés
Mais qu'y a-t-il, je manque d'air ! Ah, c'est vrai qu'il faut respirer
Ma poitrine se déchire, c'est la vie qui me fait du mal
Je crie : "laissez-moi repartir là-bas au delà des étoiles"
Je ne suis plus cosmonaute, il n'y a plus d'apesanteur
Je suis tout nu et je grelotte de faim, de froid et de peur
On rit de moi, on me tripote et je crie de rage et je pleure
Je suis si faible comment faire pour rejoindre celle qui m'a porté
En elle et qui m'a mis sur Terre et qui m'y a abandonné
Alors elle pose sur ma tête sa main comme elle faisait avant
"Il ne faut pas que tu t'inquiètes, je suis là, je suis ta maman"
Georges Chelon
|